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Mise en scène

Une équation tragique

Hamlet peut se résumer à une équation simple : le spectre du Roi vient révéler à son fils Hamlet qu’il a été assassiné par son frère qui lui a pris sa vie, sa femme et sa couronne. Il réclame vengeance. En cherchant à venger son père, Hamlet perd sa fiancée, sa vie et sa couronne. Shakespeare dénonce l’absurdité de la vengeance. Shakespeare tutoie le public et lui dit, en substance : « Regarde Hamlet, prince noble et généreux. Vois ce qui lui est arrivé. Qu’aurais-tu fait à sa place ?».

La question du sens de la vie

Shakespeare poursuit son interpellation du public en convoquant la mort dans sa formule célèbre : « to be or not to be …» et en la montrant de manière à chaque fois surprenante : d’abord le spectre sorti de son tombeau, ensuite Hamlet dans le cimetière qui s’adresse au crane du bouffon, l’enterrement d’Ophélie, et le carnage final.  Shakespeare dit au spectateur : « Tu es mortel, mon ami. Regarde un peu la vie avec lucidité. Ne te laisse pas abuser par les mensonges, les faux-semblants, les bonnes causes, les raisons d’Etat, etc. » Ce qui rend la tragédie d’Hamlet universelle, c’est que l’on reconnaît dans l’apparition du spectre les figures du passé et de l’inconscient qui empoisonnent et emprisonnent les êtres humains. Comment se délivrer du passé ? Comment gouverner sa vie ? Shakespeare ne donne pas de réponse. Il met toutes les questions dans la bouche d’Hamlet.


La traduction

Beaucoup d’images poétiques de Shakespeare sont riches de sens et passent merveilleusement l’obstacle de la traduction. Hamlet regarde la mort droit dans les yeux quand il s’adresse au crane de Yorick le bouffon. J’aimerais que le spectateur, en quittant la salle, regarde la mort d’un œil différent.

 

A l’occasion de la traduction d’une œuvre dramatique, certains considèrent qu’il ne faut pas s’éloigner du texte original, quitte à ce que le texte soit parfois obscur. Ma démarche est inverse. Les œuvres sont pour moi des nourritures qui, pour être assimilées, doivent d’abord être comprises.

Quand les anglais mettent en scène Shakespeare, quatre siècles d’histoire les regardent. La tradition pèse d’un poids énorme sur leurs épaules. Jouer Shakespeare en français ouvre un espace de liberté plus grand. Je travaille depuis plus de dix ans sur ce texte, à la recherche d’une écriture qui permette au spectateur de comprendre et de ressentir les émotions des personnages, une écriture qui ne fasse pas écran à la tragédie.

Quand je monte une pièce de Molière, il arrive que des spectateurs me demandent avec inquiétude si j’ai changé le texte, tellement ils sont surpris d’avoir tout compris. En effet, si certaines tournures de Molière ne sont plus couramment utilisées, le jeu de l’acteur suffit à les rendre parfaitement intelligibles. Il n’en est pas de même d’une traduction imprégnée d’anglicismes et de formules obscures. Celles-ci obligent le spectateur à tenter de retraduire certaines phrases pour y trouver un sens, pendant que l’action avance.

Les formes poétiques de Shakespeare n’ont pas toutes un écho naturel en français. Par  exemple : « I do not set my life a pin’s fee »
« Je n’estime pas ma vie au prix d’une épingle » F-V Hugo
« Je ne gagerai pas ma vie contre une épingle » A. Gide
« Je ne prise pas ma vie la valeur d’une épingle » J. Malaplate et José Corti
« Je ne mets pas ma vie au prix d’une épingle » Jean-Michel Desprats
« Je ne donne pas à ma vie la valeur d’une épingle » Henry Suhamy

Toutes ces traductions sont exactes, parfaites en un sens, sauf qu’en français, le sens que Shakespeare voulait y mettre est perdu. Ici j’ai traduit : « Ma vie ne vaut pas un clou ». Alors, tout le monde comprend.

HAMLET de Shakespeare

Adaptation, traduction et mise en scène de Colette Roumanoff

Un jeune prince lucide et charmant, pris en otage par le passé de ses parents, ne réussit pas à échapper à un destin cruel.  Un terrible secret de famille lui est révélé par une apparition fantastique. Une vérité étouffée ressurgit. Que faut-il en faire ? Quel est le prix de la vengeance ? Est ce que dès le début les dés sont jetés ? Colette Roumanoff propose une traduction limpide de cette tragédie qui a traversé les siècles en posant d'une manière lumineuse la question du sens de la vie, et aussi celle du sens du théâtre, car en plein milieu de l'action des comédiens arrivent au château d'Elseneur.

Hamlet
Hamlet et la reine
Hamlet
Hamlet
Hamlet
Hamlet
Hamlet
Hamlet
Hamlet
Hamlet
Hamlet
Hamlet ophélie
Hamlet
Hamlet

La presse en parle

Une version décantée de la pièce
Colette Roumanoff, metteur en scène, propose une version décantée de la pièce tout en conservant sa substantifique moelle afin d'en faire comprendre les enjeux métaphysiques. 
Ruedutheatre.com

Une lecture directe d’un tragédie universelle
Voilà plus de dix ans que Colette Roumanoff réfléchissait à mettre en scène « Hamlet », travaillant notamment sur une traduction qui respecte le sens mais soit compréhensible par tous. Dans son adaptation, le texte gagne en efficacité dramatique ce qu’il perd en poésie. Les infortunes du prince d’Elseneur, dépouillé de ses brumes romantiques, deviennent les ressorts d’une action à suspense dont les enfants suivent sans peine les rebondissements. Interprété par une troupe expérimentée, cet Hamlet-là offre une lecture directe d’un tragédie universelle.
Le nouvel Obs

Distribution

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